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Les Etrusques en mer

Antibes
Les Etrusques en mer



Epaves d'Antibes à Marseille


Civilisation antique majeure du nord de l'Italie, les Etrusques ont laissé de remarquables vestiges. Y figurent notamment quelques tombeaux sarcophages très révélateurs de leur société ainsi que de nombreuses épaves de navires. Ces dernières étaient restées jusqu'à présents relativement inabordables. Les progrès récents de la plongée classique et en eau profonde ont permis de faire évoluer cette situation. Onze épaves ont ainsi été explorées du large d'Antibes jusqu'au golfe du lion à proximité de Marseille.
Témoins d'une histoire révolue, ces reliques constituent un précieux témoignage de l'activité commerciale de l'époque et surtout des changements dus, entre autres, à l'arrivée des Grecs de Phocée, fondateurs de Massalia au VIIe siècle avant Jésus Christ. C'est cette période, jusqu'au IVe siècle avant notre ère qui est abordée ici, de manière didactique à l'appui de plusieurs films.
Les Etrusques peuplaient l'Italie septentrionale entre le Tibre et l'Arno et connurent leur apogée à peu près en même temps que l'irruption des Grecs commerçants dans le sud de la France aux VIIe et VIe siècles. Leur intense activité d'échange était basée sur la production d'une région prospère: vignes, oliviers, céréales, fer. Ces circonstances favorables leurs permirent de développer une civilisation originale symbolisée dans la vie quotidienne par le bucchero, une céramique fine, et une langue parlée et écrite inédite. Au faîte de sa puissance, cette thassalocratie laissa même se développer le mythe de son ascendance d'Asie Mineure. Progressivement, cette hégémonie sur la méditerranée occidentale s'estompa face à l'habileté commerçante et guerrière des massaliotes au milieu du VIe siècle et à la puissance militaire des tyrans de Syracuse à la fin du Ve siècle. Sans disparaître totalement, les témoignages étrusques perdurèrent tout en devenant de plus en plus minoritaires.
Cet ensemble d'épaves procure ainsi un vaste champ d'investigation et de recherche par son ampleur spatiale et la durée relativement longue de la période couverte. Un sondage de l'évolution commerciale et de facto politique de cette partie de la méditerranée s'offre aux archéologues, aux historiens et aux visiteurs passionnés.
La plus ancienne des épaves, celle de Rochelongue près d'Agde, livre la manière dont s'échangaient les marchandises étrusques contre les lingots de cuivre, de plomb et d'étain gaulois à la fin du VIIe, début du VIe siècle avant Jésus-Christ.
L'épave de la Love à Antibes, ainsi que d'autres à Marseille, Cassis, Ramatuelle ont essentiellement fourni du matériel mobilier : amphores étrusques poissées, vaisselle de bucchero nero, céramique étrusco-corinthienne...
Les vestiges de la Pointe Lequin -Porquerolles- et Grand Ribaud -Giens- se caractérisent les premiers par un chargement constitué de production grecques, les deuxièmes par une cargaison impressionnante de 800 à 1000 amphores étrusques dans un navire aux dimensions conséquentes de vingt-cinq mètres de long.
Enfin, les trois dernières épaves mélangent témoignages massaliotes et étrusques jusqu'au début du IVe siècle et mettent un terme à cette aventure passionnante.
E.Boutinard - Photo F.Bassemayousse/Comex Fouilles de l'épave du Grand Ribaud F - DRASSM Plongée sur la fouille de l'épave Pointe Lequin 1A
Musée d'Archéologie, Bastion Saint André, tél. 04 92 90 54 35, 21 juin-31 octobre 2003